Pages

vendredi 7 septembre 2012

Voilà une attitude !

"Exhiber une distance aristocratique, bourrue, nordique voir militaire vis-à-vis de notre époque, y associer l'élégance toute anglo-saxonne qui va du hooliganisme au dandysme et conserver, en dépôt, le coup de poing français agrémenté si nécessaire de son vocabulaire adapté aux combats de rue, voilà une attitude !"
www.terra-ignota.fr

mercredi 5 septembre 2012

Nous sommes les libertins du siècle

 "Nous sommes quelques-uns dont les traits communs sont un certain sérieux, un besoin de vérité, un air sombre. Mais les choses sont établies de telle sorte que nous faisons figure d’esprits légers. Nous ne respectons ni les lois, ni les êtres qui nous gouvernent. Nous ne faisons pas leurs prières : lecture quotidienne et suivie des journaux de la République, discussions hebdomadaires sur le Cours des Choses, contribution à la Conscience morale universelle… Nous sommes les libertins du siècle."

Roger Nimier, Le Grand d’Espagne

mardi 4 septembre 2012

De l'expression jeunesse dorée




 L'expression jeunesse dorée est née en même temps que d'autres, aujourd'hui oubliées, dans les luttes socio-politiques qui ont suivi à Paris la chute de Robespierre. Il ne fut quelque temps question que des muscadins, ces jeunes bourgeois qui avaient réussi à échapper aux réquisitions et se reconnaissaient à travers une mode "d'élégance baroque" en réaction à la terreur. Au delà de la référence historique, jeunesse dorée s'utilise encore de nos jours pour désigner la jeunesse oisive et noctambule des beaux quartiers, les dandys des plaisirs fiévreux des grandes villes, avec lesquels on accède assez vite "aux délices vantées de l'ennui supérieur" (J. Gracq). Cet emploi pour qualifier un phénomène social au demeurant anodin témoigne de "l'éclipse du sens" d'une expression née des luttes révolutionnaires.

  Jeunesse dorée a émergé en l'an III, parallèlement à d'autres expressions, dans la bataille de mots et de signes que se livrent à Paris, et dans la presse, partisans et adversaires du nouveau cours politique et, de façon plus concrète dans les lieux publics, sans-culottes et muscadins. C'était le mot utilisé par ses adversaires pour désigner la troupe de Fréron, le bras armé de la dé-sansculottisation. Si le phénomène est alors parisien, le mot était venu de province: dès février 1793, ce sobriquet oublié était donné aux jeunes gens à Lyon, sans doute pour leur manière de se parfumer, et c'est dans l'été qu'il se répand à Paris; il devient à la mode et les chansonniers s'en emparent. Quand la terreur est mise à l'ordre du jour, il prend dans le discours politique une valeur très péjorative. Un passage du rapport de Barère sur la formation de l'armée révolutionnaire, le 5 septembre, montre le mépris extrême qu'il inspire: "Hier, un homme connu par son patriotisme [...] entendit six jeunes gens, je dirai plutôt des muscadins, ce nom qu'une jeunesse orgueilleuse s'est fait donner, et qui attestera à la postérité qu'il a existé en France, au milieu de sa révolution, des jeunes gens "sans courage et sans patrie." [ndcm: les muscadins, premiers citoyens du monde?]
  Le contexte historique dans lequel est née l'expression jeunesse dorée n'est pas moins passionné et donne lieu à des inventions néologiques, à des locutions qui surgissent spontanément dans les luttes politiques violentes qui mènent à la défaite des sans-culottes. Celle du million doré, qui est moins connue et l'a précédé de quelques mois, est symbolique de la rupture socio-politique de l'an III; elle se construit à la croisée de plusieurs niveaux de discours, à l'assemblée, dans la presse et dans le peuple des groupes. Le trajet discursif du million et des locutions qui naissent sur le même registre montre que, comme c'est souvent le cas dans le discours politique, c'est le contexte dans lequel on prononce un terme ou une expression qui lui confère toute sa valeur.
  La guerre de mots est partie d'une phrase prononcée dans les derniers jours de l'an II à la Convention par Dubois-Crancé, et qui fut dénoncée comme contraire au principe de l'égalité. C'était l'expression brutale de l'antagonisme qui va s'affirmer dans les mois suivants autour du couple liberté/égalité, entre ceux qui associent les deux principes et ceux qui voient dans le culte de l'égalité un danger pour la liberté. Dénonçant la terreur comme le principal obstacle au rétablissement de la confiance, Dubois-Crancé s'élevait contre un régime qui violait "la sûreté des personnes et des propriétés": "Ce n'étaient plus les aristocrates que l'on poursuivait, c'étaient tous les riches, tous ceux dont la fortune met en activité les talents et l'industrie du peuple /.../ Une simple réflexion va vous faire sonder la profondeur de l'abîme: la fortune d'un million d'hommes en France nourrit l'industrie de 25 autres; anéantissez les ressources de ce million d'hommes, et la contre-révolution est faite".

Canal Mythos

dimanche 2 septembre 2012

Tutoiement vestimentaire

Un gentil commentateur demande :

    

  

    "Mais il y a une question, qui me vient en comparant l’élégant Sorman et ce plouc de Michéa: Pourquoi les uns s’habillent bien, ou du moins essaient, tandis que les autres mettent toujours un point d’honneur à ne ressembler à rien ?

    Vous avez déjà vu une secrétaire de mairie soigner son apparence ? Ou une guichetière de la Sécu sur son 31 ? Ou quelque chose de plus offensant pour la vue qu’une manif de profs ? Comme si l’absence d’allure et la médiocrité était l’uniforme tacite de la fonction publique.

    Quelqu’un a une explication ?
"

Oui : moi.

Je réponds : Rousseausisme. Il y a d’un côté ceux qui considèrent (par atavisme, hein) que l’homme est naturellement bon et que donc la sophistication vestimentaire en tant que haute construction sociale est un signe de corruption (aliénation, domination, hiérarchisation, etc), et les autres qui considèrent que l’homme est naturellement un sagouin nombriliste et que c’est un signe de respect pour autrui de montrer qu’en public on fait l’effort de se différencier le plus possible de cet état primitif (et non de se différencier d’autrui, pour preuve, l’élégance se constitue de classiques ).

A cela il faut bien évidemment ajouter la notion de goût, le sophistiqué raté, outrancier, part de la construction sociale première évoquée (élégance = supériorité sociale) mais tente néanmoins de se l’approprier par orgueil, partant d’un postulat faux qu’il veut tourner à son avantage, il tombe de fait dans le ridicule pathétique par son échec à y parvenir, et trahit non pas l’esthétique, mais son essence, faisant apparaitre sa mentalité doublement viciée (rousseauisme + veulerie). On est tenté de les faire fusionner, le veule étant un rousseauiste qui s’agite. Exemple :







Tout cela est donc évidemment valable pour les pauvres comme pour les riches.

NB : la notion de supériorité sociale est ici prise au sens commun-donc gauchiste (argent, pouvoir), donc évidemment inversée- c’est tout le sens de cette analyse-si on la prend au sens philosophique (je fait l’effort d’être évolué parce que je sais qu’au fond je suis une bête narcissique qui tutoie tout le monde (non je ne ferai pas de lacanisme sur le tutoiement bien que ce soit tentant))…

I like your style.net